Vers 8/9 ans, donc, je pensais savais que je me marierais en robe de princesse, à l'église, de préférence devant Monsieur le Curé (celui du mariage de mes parents, de mon baptème, de celui de ma mère et mes tantes ainsi que de celui de mes enfants, d'ailleurs, je croyais à l'époque... on est con, quand on est gosse...). Le seul souci était de trouver le bon mari. À ce sujet ma grand-mère me donnait déjà moult conseils, le principal étant que nous ne devrions pas nous disputer, surtout pas. Conseil que je n'ai pas suivi : je me dispute beaucoup avec mon futur époux. (Ma grand-mère a un caractère de commandante invétérée, et avait par chance un mari inapte à la dispute. J'ai un caractère de commandante que j'essaye de maîtriser, MonHomme aussi, et nous avons validé tous les deux (et largement) notre aptitude à la dispute)
Puis j'ai évolué sur mon idée de la religion... et s'est posée la question du mariage à l'église. Vous avez compris que j'étais, ado, passablement intransigeante sur les "signes extérieurs de religion". Donc, le mariage à l'église, c'était plus trop à l'ordre du jour. Sauf si je tombais sur un homme qui le voulait (ce que j'espérais secrètement, car à l'époque je n'assumais pas très bien tout ça auprès de ma famille).
En prime, j'ai développé un déficit d'affection pour mon aspect physique (j'espère que vous appréciez la finesse de la formulation) qui m'interdisait d'envisager que je pourrais être jolie en robe blanche...
Bref, je n'imaginais plus, mais alors plus du tout, me marier en robe de princesse.
Et puis, il y a une grosse année, j'ai demandé MonHomme en mariage : il a un peu pleuré, puis il a dit oui... Avant d'ajouter aussitôt : "Mais on va pas à l'église, hein !" suivi de "Et puis je ne mets pas de costume moi, et encore moins de cravate, je te préviens !!".
Tout cela m'allait très bien : un passage à la mairie en "tenue civile" pour dire à tous "Voici l'homme que j'ai choisi", une fête simple et conviviale avec notre famille et nos amis, dans notre (grand) jardin. Un truc qui nous ressemble, pas un grand carnaval. Tout cela était acquis.
Puis Copine m'a demandé : "Tu vas te marier en meringue ? Non, parce que moi je me suis mariée en meringue, tu sais..." Et moi "Noooooon ! De toutes façons on ne va pas à l'église, et puis non, j'ai pas envie : j'aurais l'impression d'être déguisée, que ce ne serait pas moi.".
Et c'est là qu'elle m'a répondu : "Méfie-toi : si tu en essayes une, une seule, t'es foutue : tu te marieras en meringue... moi je voulais surtout pas, mais je suis entrée dans un magasin et j'étais cuite..."
J'aurais du l'écouter...
Mardi dernier (oui, mardi, je jour de la PDS pourrie) je suis allée me chercher une robe, un truc simple : surtout pas une meringue. Un truc qui me ressemble, joyeux, frais, avec des couleurs et un peu habillé quand même pasqu'y faut pas déconner, c'est quand même pour mon mariage !
Je suis passée devant un magasin de meringues. Y en avait une jolie, en vitrine. C'est là que je me suis dit : "C'est quand même con, tu sauras jamais à quoi tu aurais ressemblé en robe de mariée..."
Alors je l'ai essayée.
Vous me voyez venir, hein...
Il m'est arrivé un truc dingue. (euh, sans parler du fait que j'avais mis le jupon à l'envers, pfff, chuis vraiment nulle en meringue!!)
Je me suis trouvée jolie.
Dingue, je vous dis.
Grisant, tellement c'était dingue.
Jolie, et même que ça me ressemblait. Dingue, je vous dis. La jolie femme en face de moi dans le miroir, celle dont les yeux brillaient et qui souriait sans le vouloir (je vous rappelle que c'était mardi, jour pourri), ben c'était moi. Pas déguisée, non, juste moi.
Incroyable mais vrai.
Je ne me suis jamais sentie aussi femme.
Dingue.
(paradoxalement, ma mère, qui était avec moi, m'a dit : "on dirait une petite fille !"... encore une fois, elle a rien compris, ma mère...)
Alors voilà, je vais me marier en meringue...
J'ai mis 3 jours à m'y faire, je me suis réveillée au moins 8 fois dans la nuit de mardi à mercredi, non pas en pensant à mon foutu échec de TEC, mais en rêvant à ma robe blanche, en me demandant si c'était vraiment raisonnable, et en concluant à chaque fois : "C'est pas vrai... mais c'est pas vrai... je vais me marier en meringue... non mais c'est pas vrai ! ... en meringue !!! "