Je viens de m'offrir (et de me faire offrir par MonHomme, qui a pris en charge intégralement notre Titona) un week-end de musique.
Deux jours et demi rien que pour moi, loin d'un quotidien qui, bien que merveilleux, est parfois pesant.
Retrouvailles bienvenues avec mon instrument quelque peu délaissé (pléonasme) depuis un an...
De la musique à gogo évidemment, un groupe de musiciens devenus des copains au fil des week-ends musicaux, de la chaleur, de la bonne humeur, un peu de fatigue, un peu de vin rouge et un fou-rire irrépressible.
Et le prof, que je connais bien, qui me dit " Ça me fait plaisir de te voir rire comme ça Cami ! ".
Cette réflexion m'a déstabilisée... pourquoi était-il étonné de me voir rire ? Ce n'est pourtant pas si inhabituel...
Puis je me suis souvenue.
J'ai fait la connaissance de F., et de presque tous les autres stagiaires, un week-end de juin 2009.
C'est ce samedi soir-là, dans une pièce qui ne fermait pas à clé au premier étage d'une maison remplie d'inconnus, que j'ai fait ma première injection d'ovitrelle.
Le lundi matin, c'était IAC 1.
Ces gens ne m'ont connue que dans la galère.
Ces gens ne m'ont connue qu'éteinte.
Ces gens ne m'avaient jamais entendue rire aux éclats...
Ces gens qui me cotoient depuis des années, avec qui j'ai tissé de véritables liens amicaux, ces gens ne me connaissaient pas...
Et aussi.
De la musique, hier soir.
Le même musicien, la même musique qu'en juin 2009, et aussi qu'en juin 2010.
Le souvenir de ce samedi soir de juin 2010.
De ces larmes...
Ce soir-là, en retrouvant cette musique que j'avais découverte pile un an auparavant, l'émotion m'avait submergée...
Un an, et rien n'avait bougé.
Un an et IAC 1, IAC 2, IAC 3, IAC 4, IAC 5.
Un an et le seul changement était l'éclat de mes yeux, je le savais déjà.
Un an et un océan de larmes à écluser...
Ce soir-là j'ai pleuré, pleuré, pleuré, en écoutant cette musique qui me ramenait un an en arrière avec seulement des échecs pour rythmer ces douze mois.
Je me suis isolée pour laisser aller des larmes sans sanglots, juste un flot continu de chagrin qui devait s'écouler.
Ça a duré longtemps, longtemps.
Puis je suis revenue avec les autres, apaisée, un peu.
Hier soir, dans cette même musique, mes yeux se sont mouillés à nouveau au souvenir de ces vieilles larmes.
Hier soir je me suis souvenue de la Cami d'il y a trois ans. Cami embourbée dans l'infertilité, dans l'attente, dans les chagrins, dans l'incertitude du quand et du comment.
Hier soir, j'ai ressenti une com-passion immense pour la Cami de juin 2010.
Hier soir, j'aurais voulu avoir le pouvoir d'aller faire un tour en 2010.
J'aurais pris la main de la Cami d'alors.
Je lui aurais chuchotté à l'oreille que tout ça n'était pas vain.
Je lui aurais dit que l'incertitude aurait une fin heureuse.
Je lui aurais dit qu'un jour elle serait maman.
Je lui aurais dit que ses yeux retrouveraient leur lumière, je lui aurais dit que bientôt elle rirait aux éclats.
Je lui aurais tenu la main longtemps, aussi longtemps que nécessaire.
J'aurais attendu que le flot de larmes se tarisse, puis je l'aurais laissée revenir vers ses amis, apaisée.
Mais après tout...
Qui sait si, ce soir-là, quelqu'un ne me tenait pas la main ?
( Et d'où me venait cette certitude absolue, qui ne m'a jamais quittée, que je serais maman un jour ? )