Noël 2010
Nous fuyons courageusement (1er degré) loin des fêtes familiales, pour quelques jours en amoureux heureux-tristes judicieusement placés entre le 24 et le 26 décembre. Nous dégustons du foie gras devant la mer Méditerranée, câlés dans ma vieille Clio.
Noël 2011
Nous fêtons un Noël joyeux et sans arrière pensée entourés de nos familles dans notre nouvelle maison, avec une chambre vide au-dessus de nos têtes. Le soir, je fais la première injection de FIV 3.
Noël 2012
Nous fêtons Noël avec un bébé dans les bras. La chambre est enfin occupée, nous sommes épuisés, la vie est belle. Mais je n'ai pas l'énergie de chanter... et ma fille n'aime pas le "bruit".
Noël 2013
Mardi 24, 21h : Nous sommes chez les BP. Titona a du mal à s'endormir dans cette maison qu'elle connaît peu. Je la berce, j'en ai marre de lui chanter toujours les même chansons.
Et puis... Exhumée de je ne sais quelle réserve à souvenirs...
" C'est la belle nuit de Noël,
La neige étend son manteau blanc,
Na na na na na na na na,
Na na na na na na na na,
Na na na na na na na na naaaaaaaaaa na,
Na na na na na na na na.
Peuuuutit Paaapa Noëëëël,
Quand tu descendras du ciel...
etc etc"
À la fin de la chanson ma fille dormait. Et moi j'étais en larmes.
Cette année, j'ai chanté Petit Papa Noël à mon enfant.
J'ai chanté Petit Papa Noël à mon enfant.
J'ai chanté Petit Papa Noël à mon enfant.
J'ai chanté Petit Papa Noël à mon enfant.
Est-ce qu'un jour je trouverai ça "ordinaire" ?
Mercredi 25, 21h : Nous sommes dans la maison familiale de mon enfance, depuis longtemps désertée pour d'autres plus accueillantes lors des fêtes de famille. Mais cette année, peut-être parce que ce sera probablement le dernier Noël de ma vieille grand-mère, nous nous y sommes tous retrouvés.
Nous étions une grosse douzaine, entassés tant bien que mal dans la cuisine démunie de toutes ses chaises, enfuies dans la salle à manger. Les uns partageant plus ou moins équitablement les deux vieux fauteuils, quelques-uns assis par terre, d'autres sur des meubles ou sur le rebord du poële à bois.
Nous chantions.
Et au milieu de la cuisine, par terre, ma fille.
Et au milieu des chansons, qui jouait avec un petit chien en bois qu'un gentil Père Noël lui a porté, ma fille.
Et au milieu de cette chaleur, qui riait aux éclats quand elle posait son regard sur MonHomme ou sur moi, ma fille.
Je chantais, et je crois que je pleurais un peu.
Avec la pleine conscience d'avoir la chance immense de vivre enfin ce moment, que j'ai tant espéré.
Avec la pleine conscience d'être en train de fabriquer des souvenirs à mon enfant, de ces souvenirs qui me réchauffent depuis toujours, à moi.
Avec la pleine conscience de lui transmettre, à cet instant précis, une partie de ce qui fait mon identité, l'identité de notre couple, l'identité de ma famille.
Avec la pleine conscience d'avoir enfin quelqu'un à qui transmettre.
Est-ce qu'un jour je trouverai vraiment ça "ordinaire" ?