Encore un "fallait pas", mais là, c'est pas ma faute.
En septembre une nouvelle prof est arrivée au collège, 35 ans. Elle a assez vite confié à une autre qu'elle avait "perdu un enfant, le jour de la rentrée : fausse-couche". Moi, évidemment, je me suis sentie concernée... D'autant plus que, 15 jours après mon arrêt pour la FIV, elle a été arrêtée une semaine. Vous pensez bien que je me suis posé des questions...
Renseignements pris, elle avait arrêté la pilule en juillet, enceinte en août mais en vacances à Mallorca : alcool, fiestas, couchers tardifs. Elle ne se croyait pas enceinte si tôt et ne faisait pas attention, elle suppose que ça a provoqué la FC (précoce, dirais-je).
Bon, je continue à compatir mais la formulation "j'ai perdu un enfant" m'avait fait penser que la grossesse était plus avancée. Non, je ne minimise pas, je crois qu'elle en a réellement bavé à la rentrée.
Depuis qu'elle est arrivée, elle fait la gueule... moi je la défendais, sans trop la connaître mais avec son histoire je me disais qu'il fallait lui laisser le temps de se remettre.
Ce matin je la croise : tunique resserrée au dessous des seins, petit ventre en dessous... gloups ! Je passe mon chemin sans engager la conversation, et me promets de l'éviter jusqu'en mars (date à laquelle la collègue qu'elle remplace reviendra de son congé mat pour n°3 : quand ça veut pas faire, ça fait pas). Au passage, je précise qu'elle continue à faire la gueule.
15h, récré. Plein de monde en salle des profs, dont la fameuse nana. Je louvoye, j'évite, je pose les yeux ailleurs : ça marche ! Je ne la vois pas !!
Et là j'entends, très fort, de la part de ma copine K, dont je suis très proche (qui connaît nos soucis, et qui m'avait vue arriver) : "Ah mais maintenant qu'elle sait que son bébé a un cerveau, elle peut dire des conneries, hein !!!"
J'ai détesté K. à ce moment là, je vous le dis.
Elle m'a cueillie à froid, en pleine traversée de la salle bondée...
Elle sait qu'il a un cerveau : ça sent l'écho des 3 mois, non ??
J'ai commencé à calculer... on est le 20 janvier, moins 3 mois... j'ai arrêté. Trop dur : allez savoir pourquoi je n'arrive pas à faire la soustraction. Réellement : il est 17h30, je ne suis toujours pas venue à bout de cette putain de soustraction. J'ai le coeur qui s'emballe à chaque fois que j'essaye.
J'ai stationné devant l'évier, à boire verre d'eau sur verre d'eau le dos tourné à tout le monde, jusqu'à ce que la salle des profs soit vidée. En me disant que vraiment, K m'avait fait un sale coup... je lui en veux, vraiment.
Puis je suis allée en cours, en priant pour que mes élèves ne me regardent pas dans les yeux. Gentils comme ils sont, se seraient demandé pourquoi je les avais rouges.
Je jure, j'écoutais pas.