Cette terre
Cette terre que mon grand-père a travaillée.
Cette terre qui porte les souvenirs de mon enfance.
Cette terre dont j'ai emporté une poignée, dans mon exil "parisien" de jeune prof. Poignée qui ne m'a jamais quittée : elle dort quelque part dans un carton. Fidèle, toujours.
Cette terre dans laquelle on a enterré mon grand-père. Et aussi sa mère (mais pas son père, mort le 22 novembre 1918 de cette tuerie dont on ne veut plus célébrer l'armistice), et aussi tant d'autres, sans qui je ne serais pas là.
Cette terre qui était là bien avant moi, bien avant eux tous. Qui sera là bien après moi. Que d'autres verront, qui puiseront comme moi de la force dans ces paysages familiers. J'espère.
Cette terre à laquelle j'appartiens.
L'une d'entre vous commentait dernièrement un de mes articles en ces termes : " On sent que tu aimes particulièrement ta région ".
Non, ce n'est pas tout à fait ça. C'est à la fois moins vaste, et plus fort...
Je suis ancrée dans cette terre. Elle me constitue, elle me donne ma force.
C'est un sentiment étrange : ici, je suis exactement là où je dois être.
Mais je sais aussi que je peux aussi être à ma place n'importe où ailleurs, simplement grâce à la certitude de cette terre.
Je sais la chance que j'ai.
Je ne sais qui remercier pour ce cadeau : la vie ? la chance ? mes parents ? mes grands-parents ? ma terre ? ma langue (d'oc, plan segur !) ?
Cette chance que je voudrais léguer à mes enfants.
C'est étrange : je me sens reliée à cette terre par tous ceux qui m'y ont précédée et qu'on a l'habitude de résumer en "mes ancêtres", purs-garbure évidemment...
Mais il est évident pour moi que mes enfants, même adoptés, pourront ressentir la même chose . Qu'il nous "suffira" de leur donner proposer cette terre.
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